A propos du livre « Le Purgatoire de Dante »

(Editions Paroles et silences)

Présentation de Jean-Pierre Jossua dans « Bulletin de Théologie littéraire »

La Divine comédie est une référence essentielle pour la poésie italienne et pas seulement italienne, malgré l’impossibilité d’en rendre en traduction le son inséparablement lié au sens. Ajoutons à cette difficulté l’éloignement culturel. Mireille Beaup, qui avait déjà donné chez le même éditeur un petit livre sur le Paradis, nous présente une introduction au Purgatoire qu’elle voit principalement lié non à l’ Enfer mais au Paradis, car en lui «l’existence humaine inachevée se transforme, en se laissant purifier de tout ce qui avait pris la place de l’amour » (avant-propos). Après des repères biographiques, nous lisons une introduction consacrée aux arrière- plans et à l’architecture de l’œuvre : l’avant-purgatoire, où doit naître le désir de la grâce, puis les sept corniches correspondant aux sept péchés capitaux, mais aussi aux béatitudes, le tout se déroulant dans un temps mesurable à la différence de l’ enfer et du paradis, un temps rythmé par des liturgies. Ensuite, nous suivons pas à pas le cheminement du poète, le texte français utilisé étant celui de Jacqueline Risset. Heureux qui peut se reporter à l’original italien !


Je ne puis évoquer ici ce qu’apporte la lecture de Dante. Disons simplement que quoi que l’on puisse penser de la doctrine du purgatoire, on trouve dans ce texte outre une poésie merveilleuse – qui culmine lors des retrouvailles avec Béatrice aux chants XXX et XXXI –, une expérience de purification et d’avancée spirituelle qui est pleine de sens. Le commentaire est simple, profond, éclairant : Mireille Beaup sait résumer, et citer le meilleur. Ce qui frappe, à la relecture, c’est la présence constante du monde païen mêlé au chrétien, par une séquence émouvante se dessinant du chant III au chant XV. C’est là aussi la miséricorde divine faite à Manfred, car «l’infinie bonté divine a de si grands bras / qu’elle y prend tout ce qui s’adresse à elle», en dépit des sanctions ecclésiastiques, issues d’une incompréhension du Message, d’un excès d’attachement au pouvoir temporel et d’une confusion des deux pouvoirs qui sera stigmatisée par la suite. Oui, il suffit d’une simple larme, dans le cas d’une autre ombre. Mais Manfred, lui, doit encore attendre pour entrer dans le lieu de purification, à moins qu’un vivant n’intercède pour lui : voici un aspect de la communion des saints, l’autre étant l’intercession des défunts pour ceux qui cheminent encore sur terre, une communion qui sera décrite plus loin comme le partage infini que permet l’amour.