Livres de Mireille Beaup, spécialiste de Dante et de Frédéric Ozanam
A propos du livre « Le Paradis de Dante »
(Éditions Paroles et silences)
Critique dans Libre Belgique. 2 novembre 2009.Poétique
Le Paradis de Dante. Œuvre sublime mais difficile. Mireille Beaup la décrypte pour nous.
La Divine comédie est une œuvre sublime, tout le monde en convient mais d’un accès difficile. Si beaucoup d’entre nous se sont aventurés dans l’Enfer, peu sont parvenus au Paradis. Pour nous y aider, Mireille Beaup, agrégée d’italien, docteur de l’université Paris III, a rédigé un précieux petit ouvrage d’élucidation et de compréhension de l’étape d’un voyage dont Dante disait lui-même qu’il s’achève en Dieu.
Sa difficulté de lecture tient à plusieurs facteurs. Tout d’abord, loin des récits de voyages imaginaires (More à l’île d’utopie, Gulliver chez les lilliputiens), la pérégrination de Dante se présente comme un long et douloureux combat spirituel, par delà l’expérience de la perdition (enfer) et de la purification (purgatoire) jusqu’à l’illumination finale du paradis. Autre difficulté : Dante est évidemment tributaire du savoir de son temps. Ainsi, par exemple, les sept sphères habitées par les bienheureux qu’il traverse avant d’accéder à l’empyrée où se tient Dieu s’inspire de l’astronomie de Ptolémée, le grand savant grec du IIe siècle qui fera autorité jusqu’au découvertes de Copernic.
Après avoir rappelé ses immenses lectures, l’auteur nous donne tout ce qu’il importe de savoir sur Dante : sa pensée philosophique et théologique, sa relation amoureuse à Béatrice qu’il retrouve au paradis ; sa profonde humanité qui ne le fait pas hésiter à placer des païens parmi les saints catholique et les enfants juifs à égalité avec les enfants chrétiens ; et bien d’autres points.
Enfin, Mireille Beaup met en valeur l’exploit de Dante consistant à couler dans des images et des mots des visions incorporelles telles le Dieu trinitaire exprimé par trois cercles parfaits et résumé par trois verbes : subsister, connaître, aimer, plus un quatrième inattendu sourire, car pour Dante, le sourire est l’expression sensible de la beauté et de la joie. Dieu aime et il est heureux.